dimanche 30 août 2015

La sobriété - Chanson à boire




Sans discordance un temps parfait
Apprenez-moi votre pensée
Je veux je vais tenter le diable
Et peut-être apprendre à danser

Qui sait comment se mêle au sable
L'eau pour former l'octosyllabe
Il y a tant de verres vides
Que l'ivresse me parait viable


Mais si l'on pouvait apprendre à jouer
simplement

Si le jeu des baisers faisait l'homme
moins dément 

Si Bacchus incanté rendait les coeurs
plus cléments

(Mais nan)


Alors on va pareil au Cid
Se concocter malgré nos rides
Des jeux d'amour des tragédies
Et le public en est avide

On va comme le dieu l'a dit
Honorer l'eau le pain le riz
Mais il se peut qu'on soit un peu
En reste quant à l'eau de vie


Mais si l'on pouvait apprendre à jouer
simplement

Si le jeu des baisers faisait l'homme
moins dément 

Si Bacchus incanté rendait les coeurs
plus cléments

(Mais nan)


Et quand bien mêm' je ferais voeu
De rester sobre ascète et pieux
Mon verre vide me murmure
Allez remplis-moi donc un peu

Et je succombe à la mesure
De sa rondeur de son allure
Et je suis plein de compassion
A lui complaire ça c'est sûr


Mais si l'on pouvait apprendre à jouer
simplement

Si le jeu des baisers faisait l'homme
moins dément 

Si Bacchus incanté rendait les coeurs
plus cléments

(Mais nan)


Alors on se met en mission
Pour quelque fruit de la passion
L'alcool et le maracudja
Transformeraient un chat en lion

Et puis le vin coule déjà
Dans les gosiers alors voilà
La sobriété on la cherche
Hélas on ne la trouve pas


Mais si l'on pouvait apprendre à jouer
simplement

Si le jeu des baisers faisait l'homme
moins dément 

Si Bacchus incanté rendait les coeurs
plus cléments

(Mais nan)


Alors tendez-moi une perche
Promis je m'bougerai le derche
Plus de cul-sec faut ce qu'il faut
Plus de cachaça et plus de mèche

Allez tendez-moi une perche
Promis je m'bougerai le derche
Je ne boirai plus que de l'eau

Jusqu'à l'heure de l'apéro

(bis)

(ben ouai)



vendredi 28 août 2015

Le conchylium audiophile (sur l'air que vous voudrez)




Il y avait dans l'océan
Une confrérie de coquillages
Le mot d'ordre parmi ces gens
Etait "sois l'écho de l'adage"

Tout ouïe pointés vers le rivage
Comme une seule oreille en somme
Echoïsant même message
C'était leur vie c'était leur dogme

Mais vint à naître un conchylium
Au sein de notre confrérie
Un drôle de coquin bonhomme
Qui commettait mille coquilles

Il échoïsait tout ce qui
Lui semblait bon le chant d'un coq
Les mille bruits au bord des quais
Et l'aiglefin qu'on nomme Haddock

Il se plaisait à jouer du Rock
Quelques vieilles chansons du King
Et les mugissements du phoque
Qu'on rencontre en Mer de Béring

Ses confrères le croyant dingue
Et toutes les mauvaises langues
L'ayant qualifié de baltringue
Il se replia dans sa gangue

Ainsi quand votre barque tangue
Si vous entendez poindre au loin
Des chants des bruits des bing des bang
Non ce n'est certainement point

Quelque sirène et encore moins
Le grand Elvis ressuscité
Ni le cliquetis du marsouin
Ni mêm' l'atlantide cité

C'est simplement bien imités
Tous les bruits du monde entendus
Des joyeuses festivités
Jusqu'à la corde du pendu

C'est simplement bien conservée
Dans une caboche têtue
La polyphonie des idées
Pour quand on l'aura bien perdue

Dans quelques milliers d'années
Il restera un résidu
Des mille voix enregistrées
Par un coquillage incongru



jeudi 27 août 2015

Le rêveur éveillé - ingrédients pour une cohabitation réussie



Stratégie d'impulsion du rêve en spirale dans l'avancée du réel rectiligne.

Laisser choir le rêve dans l'opacité miroitante du café des débuts.

Bien mélanger, puis s'assurer que la surface du cercle, à l'intérieur de la tasse, englobe bien la totalité d'un visage : si nécessaire, augmenter la distance entre l'objet et soi.

Façonner l'objet en construction, en lui faisant adopter toutes les postures imprimées par la nuit.

Attendre que l'image se soit tout à fait figée sur la ou les posture désirées.

S'emparer délicatement du masque ainsi obtenu et l'apposer contre le visage en mouvement.

Jongler de l'un à l'autre, selon l'échelle de tolérance onirique du réel en présence.

En fin de journée, ôter délicatement le masque, avant de dormir : biodégradable, il devrait se consumer entièrement au sortir de la peau qui l'héberge.

Répéter chaque jour la même opération, jusqu'à ce que les deux visages s'entendent sur une cohabitation possible (la fusion parfaite étant, à priori, tout à fait inconcevable).

A ce stade, les deux niveaux de perception et d'interprêtation devraient alors se répondre, sans s'occulter l'un l'autre.

L'étanchéité du rêve est rompue.

Voilà, vous êtes désormais un rêveur éveillé.

Bonjour.


mardi 25 août 2015

Un filet d'air




Mardi croisé dans les décombres
D'une année lointaine son ombre
Erre au devant des millénaires
Est-ce demain était-ce hier
Fi tout est sombre

Les hommes étaient alors si fiers
De leur calendrier de pierre
Deux mille et quelques ans après
Le dernier solstice d'été
S'est fait la paire

Les hommes étaient alors athées
Ni dieu ni père ni foi ni vrai
Ou bien adoraient quelque dieu
Au nom duquel d'un geste pieux
Ils vous pendaient

Et quelques-uns tournaient les yeux
Au-dedans d'eux puis vers les cieux
Et n'y trouvant point de salut
Vous disaient tristement "salut"
D'un air soucieux

Un fou du haut de son talus
Croyait voir dans sa longue vue
D'étranges hommes se poser
Sur la terre cuite et rasée
C'est la berlue

Et plus personne pour oser
Chanter ou bien même arroser
L'espoir et les coeurs aussi secs
Que les campagnes mises à sac
Là c'est baisé

Alors du fond de son ressac
La mer s'est mise à parler grec
Elle a chanté elle a gueulé
Mais on n'entendait que l'anglais
Damn we were sick

Alors elle a tout avalé
En pleurant puis elle s'est voilée
D'une étrange couche vermeille
Et se sentant soudain très vieille
S'en est allée

Depuis le monde las sommeille
En habits gris en nuit de deuil
Quelques ombres hantent la mer
De sable en arpentant la pierre
Sous le soleil

Mais quelque part au loin la Terre
Ressemble à un beau jardin vert
C'est qu'au fond il reste une chance
Qu'on soit mardi qu'on soit dimanche

Il reste encore quelques branches

Un filet d'air



dimanche 23 août 2015

Habiller l'espace - ou le mettre à nu...



Etoiles habits du ciel
Lancées dans la nuit noire
Nue comme un nouveau-né
Que père et mère parent
De signes familiers
Dans l'Espace essentiel

Donnez-nous la mesure
De notre nudité
Nous qui pareils au soir
Ne savons exister
Que dans l'opacité
Qui vêt et qui sature
Nos corps fiévreux manoirs
Que l'Être vient hanter

Alors nous accédons
Au monde des Idées
De tout côté le vide
Nous invite à danser
La porte des pensées
Affranchie de ses gonds
Laisse passer limpide
Un premier invité

C'est une longue femme
Haute de mille pieds
Puis soudain c'est la mer
Inversément profonde
C'est le bleu de l'éther
Vingt mille lieux à la ronde
C'est l'univers entier
Dans une seule flamme

Et puis ce n'est plus rien
La porte s'est fermée
L'espace s'est vêtu
La femme s'est voilée
On ne peut l'éviter
Ce monde-là s'est tû
Au loin la vérité
Brise son dernier lien

L'enfant s'éveille adulte
Un rêve entre les mains
Un parfum sur les lèvres
Dont il ne sait que faire
Il en fait un refrain
Un beau bijou d'orfèvre
Une boule de verre
Que la lumière sculpte

Et puis l'homme se lève
Il a soudain très faim
Il en oublie la nuit
La femme forme oblongue
Les songes ont une fin
Le jour se vêt de bruits
La vie alentour gronde

Ce n'était qu'une trêve

A l'autre bout du monde
S'allume un même rêve


vendredi 21 août 2015

Le dernier wagon



Vous qui cherchez dans le matin
Les conséquences de la nuit
Les raisons d'accrocher le train
Voie de chemin du réel puis

Sautez dans le dernier wagon
Aux heures tardives de l'ennui
Pour aller récolter des ronds
Qui sait pour quoi qui sait pour qui

La locomotive s'élance
Tandis que lâche un let it be
Un pauvre fou A-t-il compris
Que dans le choix était sa chance

De vivre enfin pour quelque chose
Un mot d'amour un lit d'oubli
Un réveil dans les matins roses
Sur le dos d'un éléphant gris

Quelque joie qui ne coûte rien
Sinon de renoncer à tout
Ce qu'on nous a créé de liens
En nous martelant "et surtout

Sois quelqun quelqun oui quelqun
Travaille bien tous tes atouts
Prend bien exemple sur Caïn
Tu gagneras estime et sous"

Mais sous l'estime il n'y a rien
Rien que des trous rien que des trous
Et dans le trou c'est toi qui viens
T'installer quand tourne la roue

Alors mon capitaine non
Je ne veux plus être un couillon
Que m'importe ronds et renom
Et le carosse de Cendrillon

Qui a minuit déjà n'est plus
Qu'un potage de potiron
La soupe froide des faux-culs
Que jamais plus nous ne boirons

Ceci étant voilà que passe
Au bout du quai le-dit wagon
Le chauffeur file sur l'impasse
La porte tourne sur ses gonds

Et nous voilà dans la mélasse
Des camps d'uniformisation
Et de travail joux de la masse
Subtile censure des passions

Mais non mais non voilà que passe
Au bout du quai le dit wagon
Et bien qu'il passe et bien qu'il passe
La porte est sortie de ses gonds

Viens je t'invite en mon palace
Trois bouts de bois c'est ma maison
Cendrillon déjà s'y prélasse
Elle a retrouvé ses haillons

La soupe est chaude le vin est bon
Il pousse quelques potirons
Qui resteront bien ce qu'ils sont
Et en charette nous irons

Tirés par des chèvres de bois
Par l'élancée d'un colibri
Et quelquefois oh quelquefois

Résonnera

Un Let it be


dimanche 16 août 2015

Le masque



Pyramide de miroirs renvoyait
La base énorme de nos regrets
Nos coeurs palpables avaient
La transparence fausse d'un parfait reflet

Mais dans mon jeu de trompe-l'oeil
J'étais passé expert
Pour faire passer des leurres
Pour des vérités mères

Je fus dupe à la fin
De ma propre apparence
J'en vins à boire le vin
De ma propre démence

Je n'ôtais pour dormir
Ni le fard ni le masque
Qui siégeaient sur ma face
Refusaient de sortir

On me fit remarquer
Que mes yeux peu à peu
avaient viré du bleu
vers un blanc étriqué

Je ne répondais rien
J'affichais l'air serein
De ceux pour qui le bien
Etait dans le maintien

Je suis mort à l'automne
Quand les eaux d'en haut tonnent
J'ai perdu mon maintien
Sur ma pierre erre un chien

Je ne sais plus mon nom
L'ai-je donc jamais su
Et s'est tû mon renom
L'avez-vous aperçu

Je me dis quelquefois
Dans le vent qui m'escorte
Quand j'écoute ta voix
De mon oreille morte

Si j'avais été moi
Sans mettre autant de portes
A l'entrée de l'appart
Si j'avais eu parfois

Cet élan que tu as
Quand tu plongeais ton cou
Tes deux yeux loin en moi
Si j'avais crû en nous

La pyramide aurait
Explosé tout d'un coup


samedi 15 août 2015

Le bon prétexte



Notre passé n'est qu'un prélude

Mais quel autre prétexte
Pourrait-on bien trouver
Pour aller de l'avant
Que l'élan qu'il nous prête
Qui nous aide souvent
A ne jamais tomber

A garder l'Altitude


Laisse-moi rire...



Le rire est la réponse dûe
A toute incohérence...

Là où faillit encore
La raison belle horloge
Aux aiguilles toujours
En retard sur le temps
De l'émotion pressante
Il répond dans l'urgence
D'un silence impossible
Par l'aveu dérision
D'une gerbe d'éclats
D'un spasme de folie
(Evénement nerveux)
Qui dit

" Attends un peu
Pour l'heure
Je ne sais pas "


vendredi 14 août 2015

Heliana - la fille aux cheveux de lins



Dans le coeur de chacun
Il y a

Une petite marchande de fleurs
Très pauvre
Qui va de pays en pays
Avec ses fleurs dessous le bras

Parfois elle prend la mesure du vent
Dans ses cheveux de lin

On ne sait jamais bien
Ni d'où elle vient ni où elle va
Elle prend forme au détour du chemin
Et c'est pour elle qu'au matin

Le grand coeur bleu du monde bat

Elle porte bien des noms
Sous le soleil Heliana
A ses côtés trotte un ânon
Qu'elle nourrit de fleurs des bois

Mais personne non jamais non
N'a entendu briller sa voix

On dit qu'elle murmure tout bas
Des mots d'amour mais aucun son
Sinon le bruit doux de ses pas
Comme la rumeur des saisons

Que l'on pressent quand elle est là

Comme la muette chanson
Dont seul résonne au loin le la

Elle survivra à nos folies
Quand même sonnerait le glas
Pour elle chante en litanie
Le choeur des anges et quelquefois

La lune courbe lui sourit
Et tous les vents se font moins froids
Les nuages se font moins gris
Et les rois cessent d'être rois

Et tour à tour pleure et puis rit
La pluie si douce qu'elle boit
De la lumière elle est la fille
Et d'un mystère jamais las

Elle qui veille sur la vie

Et de l'Amour

En est la voie




jeudi 13 août 2015

Le fantôme du temps



Il retourne interroger l'oracle, bien des années après
Et c'est cette femme à tête de lionne
Cette lionne à tête de femme
Qu'il croyait terrassée
Et qui lui répond

L'avenir se déchausse Le présent va nus-pieds
Alors presque aussitôt le passé n'a plus mal
Et l'homme qui boitait peut apprendre à danser

Notre seul pouvoir sur le temps est sélectif
Le temps de la mémoire n'est pas toujours derrière nous
Il se peut ainsi qu'en ôtant une épine demain
Elle disparaisse aujourd'hui
Et cesse d'être hier
Tant nos temps triphasés
Entretiennent un lien
Fatalement créé
Facilement faussé
Car on fait dire aux cartes
Ce dont on a envie 
Ce dont la main a peur
Dont l'esprit se souvient
Non pas d'avoir été
Mais d'être un des possibles
D'une chaîne d'effets
Dont nous avons la clef
Mais sans savoir vraiment
De quel côté tourner

Alors l'aveugle boiteux ouvre les yeux
Et en lieu d'une sphynge
Ne voit que son reflet
Il aperçoit un petit caillou
Logé dans la semelle
De son soulier d'enfant
Une lionne non loin
Emet un miaulement
Un fou passe et s'écrie
Assez soudainement
Qu'un fantôme le suit

"There's a shadow behind
It's hanging over me"

(Et peu à peu s'oublie
Le fantôme du temps)



dimanche 9 août 2015

Fausse pioche



Panaché de larmes dans mon café
Qu'as-tu fait qu'as-tu fait
Dis qu'as-tu fait au fond
Des fées don du matin
Au fond de mon café

Panacée lacrimale à présent sans effet
Qu'as-tu fait qu'as-tu fait
Dis qu'as-tu fait enfin
Des hauts faits de la nuit
Au marc épitaphé

Pallas est dans le vague et l'atout défaussé
Pas assez pas assez
Dis pas assez de fond
Dans ma poche les as
N'ont rien pioché de bon


samedi 8 août 2015

Un rire



Nos rêves s'amoncellent en lunes à venir
Et sur nos coeurs éteints l'odeur du feu ma soeur
Pour dire et apaiser la misère de nos ires
La tristesse de voir s'accumuler la peur
Sur le lit du désir

Alors fumons fumée c'est tout ce que nous sommes
Dans le monde aveuglé par l'ave des empires
Advenitur mundi amor cras ibit vir
S'éveillera la vie dans la peau de tout homme
Retentira la lyre

Pois é minha irmã vamos tomar o mel
Na boca do deus e vamos lhe pedir
Porque não porque não e porque tão sofrer
Quando é tão facil amar da toda pel
E não a impedir

And then it happens soon we all are in the same
Dream of another moon and yet we are all here
Waiting for something else we want love without fear
Is there another place where we could have no shame
Where we could drop no tear

Et voilà que revient le jour nous sommes bien
Nos rêves comme graines ont germé dans la terre
Pendant la nuit les anges entendent nos prières
Alors il faut rêver même à partir de rien...

L'Enfant peut devenir

L'Amour peut le grandir

La Porte va s'ouvrir

Et Tout

Peut advenir

(Sourire)

Un dieu dans son délire

Aura fait retentir

Un rire