La poésie ?
Elle s'invente chaque jour dans le coeur de chacun. Ce n'est pas une denrée rare, et non plus l'apanage de quelques vieux esprits. C'est le langage originel des coeurs libérés de l'anecdote et du simple fait qu'on peine à relater.
La poésie couvre infiniment loin le champs dit des possibles. Elle crée chaque seconde des univers où paissent des chèvres de Canaan au lait mêlé de miel.
Sur elle, le temps n'a pas d'emprise : il glisse comme l'eau sur la pierre érodée, mais non jamais meurtrie des paroles redites, par mille et une voix qui chantent même idée : comme on chante l'étoile sur laquelle aucun pied ne s'est jamais posé, mais que des yeux toujours ne cessent d'admirer, accessible seulement à l'âme dénudée, que nous savons vibrer, au matin bien avant l'heure de se lever : bien avant le moment d'accepter que le temps nous dise d'avancer, vers l'utile et l'action qui fait toute journée, qui fait de nous des Hommes, nostalgiques des nuits de l'Ange qui nous hante, qui nous pousse à chanter, la présence latente d'un lointain baiser.
Le poème est en nous un lien vers le Sacré, qu'une émotion soudaine, comme un vent s'est levé, nous laisse contempler, de nos yeux insoumis au temps de l'homme athée.
Alors, lorsque le Monde entier aurait brisé enfin l'opacité d'un verre qui n'est que trop teinté, verrait-on naître au loin, dans toutes les contrées, la conscience de l'Ange,
qui est en Nous,
ancrée...?
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