mardi 14 juillet 2015

Murs de silence et murs de sons



Toute l'imposture d'un monde, au sein duquel un simple mot, prononcé à voix moins basse que de coutûme, peut compromettre toute une portée de significations...

On ne taira pas le vocable interdit, mais on l'entourera d'une opaque coquille, afin qu'il soit à peine ce qu'il voulait crier, qu'il a dû ravaler, comme on ravale un mur, que des tatouages urbains avaient fait mur de son, mur d'amour et de peine, ou mur de déraison. Il n'a plus d'yeux que le blanc des censures, qu'on lui a imposées, et des oreilles encore, pour sourdement pleurer.


Les murs ont des antennes, pour se parler de loin. A force de peser chaque mot qui leur vient, ils se sont faits savants dans l'art de ne rien dire, patentement au monde. Mais observant sans cesse, patiemment en prière, ils espèrent le temps de la parole pure, qui découdra les lèvres, permettant au murmure de s'élever autant qu'il y a de fréquences, qui permettent au sens de résonner réel, à l'oreille et au coeur de l'homme au pied du mur, qui chantera à l'heure de la fin des censures...

(Quand tous les murs du monde renverront, de voix sûre, une parole libre
- Ivre comme un fruit mûr.)


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