dimanche 1 janvier 2017

Les miettes





Deux mille dix-sept, au fait, tenez-vous le pour dit, sera l'année des miettes : celles qu'on époussette, qu'on repousse à l'index, des fêtes et des nuits, ou celles qu'on excepte de laisser dans l'oubli, qu'on ramène du doigt (du pouce ou de l'index), précieusement à soi, celles qu'on jette aux bêtes, qui gèlent dans le froid, et celles qu'on assemble à la fin des repas : les miettes de la vie, les miettes de l'émoi, les miettes des on-dit, les miettes des on-croit, les miettes et les bris des verres que l'on boit, les miettes aussi de toi, lorsque tu t'éparpilles : les miettes en noir et blanc, les miettes polychromes, les miettes maquillées des visages élégants : les miettes esseulées qui sorties de la somme de l'ensemble de l'être retournent à l'atome, en tombant de la table, faisant figure d'aumône, pour les mendiants de l'âme : les miettes de la faim, lorsque tout est repu, les miettes qu'on regarde mais dont on ne veut plus, et les miettes qu'on laisse, dans un coin de l'esprit, pour les jours de disette, les miettes jamais lues : les miettes qui pourtant, à nos moments perdus - petits poucets trop grands -, savent nous indiquer le chemin pour rentrer de l'antre du géant... à la fin du banquet, dans la salle déserte, les miettes se rassemblent, les miettes vont danser, une valse, un tango, une samba, un forro, une salsa, un slow : les miettes, croyez-le, ont parfois le coeur gros, quand danse le balai, quand s'en viennent les eaux...

Aussi ayez toujours, à l'égard de vos miettes, beaucoup de mansuétude, à la fin de la fête.

Et sachez-le, souvent, les miettes qu'on exile, s'en vont peupler des îles, sur d'autres océans.

En marge de nos temps, très loin de nos tempêtes, les miettes que l'on jette, réintègrent l'étant.




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