mardi 18 octobre 2016

La mesure du néant





Nous avons appris la mesure du temps
Nous l'appréhendons désormais
En termes de vitesse d'action
du paracétamol et des corticoïdes
Mais la mesure du néant
Nous n'y songeons jamais
N'admettant pas le vide
Nous peuplons les années
Comme on remplit son bide
De graisse et de lipides
Et nous disons Ave
D'une voix incipide
Pour quelques palliatifs
Nous nous sommes damnés
Pour quelques anti-rides
Pour un succédané
De vie
Que l'on dévide

En pelottes d'années




De humanis (dixit alma)





Entre 4 et 6, l'âme élabore des stratégies pour rester en vie entre 8 et 20.
A partir des 20, elle passe le relai aux étoiles et au tonneau de vin.
Passé minuit, elle souffle et se souvient :

Habiter un humain, ma mère me l'avait dit,
mieux vaut hanter un chien, une bacille, un pépin :
tu connaitras la paix , que l'homme sait écrire, mais qu'il ne connait point,
et qu'il recherche en vain, de trêves en traités, de prophète en devin,
jusqu'à l'heure où vaincu, miné par un vestige de ses guerres passées,
il lève au ciel le poing, et dit ensanglanté : 

"quel con, c'était la mine que j'y avions plantée !"




dimanche 16 octobre 2016

La lune des possibles





Il est possible que les potentiels qui nous habitent s'activent à plus ou moins bon escient.
Il est possible que nous recevions des énergies des éléments qui nous entourent, des êtres qui s'animent autour de nous, d'une lune rotonde, au périgée de sa distance, et d'un flux alterné du va-et-vient des eaux.
Il est possible qu'un frisson avant-coureur nous signale soudain l'imminence de l'âme, qui remonte et revient prendre l'air en surface.
Il est possible que nous ne soyons pas toujours tous aussi réceptifs à l'appel lointain d'un ange entre deux mondes.
Il est possible que la lumière nous aveugle, et nous heurte et soudain, nous abreuve de joie.
Il est possible que nous ne comprenions pas tout, il est même probable qu'on n'y comprenne rien.
Il est possible aussi que quelqu'un nous sourie, et que ce sourire-là éveille en nous des larmes.
Possible que la fleur fanée couchée à terre
réveille ses pétales

Possible qu'il nous faille admettre l'ineffable
Possible que l'assise refuse d'être stable
Possible que l'aimable soit mis au banc des tables, des choses respectables
Possible qu'il se dise qui m'aime dans ce monde
Possible que chacun se le dise à la ronde
Possible que l'on parle en rébus ou en prose
Possible qu'une étoile ne brille jamais n'ose
Etinceler le ciel probable qu'une rose
Jamais ne s'émerveille

Possible qu'on ne puisse être égaux ou pareils
Possible que non rien ne vaille qu'on essaye
Possible qu'un soupir ne trouve réconfort
Possible que chacun se terre dans son fort
Possible qu'on ne parle que pour calmer les morts
Possible aussi peut-être que l'on raisonne à tort
Possible que possible soit un mot déjà mort
Mais possible qu'il t'aide à regagner le port

Possible qu'une nuit tout devienne enfin clair
Possible que tu sentes jusque dans tes artères
Le sens des atomes le mouvement des mers
Possible que tu sois un bout de cette terre

Possible que cela prenne une vie entière
Possible que la route te conduise aux enfers
Possible qu'il te faille enlever mille pierres
Possible que tu traines à tes pieds quelques fers

Possible qu'aucun dieu n'écoute tes prières
Possible que tes mots aillent dans les ornières
Des camions titubants des tubes des goutières
Possible qu'aucun phare n'allume ses lumières

Possible que la lune ne soit qu'un réverbère
Que des agents allument payés à coups de bière
Possible que lassés de leur maigre salaire
Quelques jours dans le mois ils ferment les paupières

Possible qu'on ne soit que le fruit d'un fantasme
Possible qu'un beau jour, elle se réveille l'âme
Amoindrie de ses formes, simple rêve d'un phasme
Assoupi sur la mousse épiphyte d'un chêne

Sous la lune éphémère
Qu'une bougie enflamme




Le tailleur reprend...





Taille ta joie
Taille ta route
Taille ta flûte
Dans le roseau qui plie mais ne rompt pas
Taille ton amour dans le bois
Taille ta hutte
Dans les sous-bois

Aux premières heures du jour
Au tout petit matin

Taille une trille
Un tremblement
Taille un tambour
Un talisman

Taille un bâton
Si tu gamberges
Si tes jambes ont besoin d'un pont
Si tu peines à gagner la berge

Taille un nuage
Taille un flocon
Dans le coton sur une page
Si tout ton corps se met en nage
Si ton coeur a besoin de neige

Taille un sommet taille une montagne
Dans le désert taille un mirage

Taille et affute ton esprit
Taille avant tout quelque outils
Avant la nuit avant l'oubli
Taille ta route dans un cri

Taille dans les murs l'évadée belle
Avant qu'ils n'aient planché le pin
Avant que même avant Noël
Le soir ne sente le sapin

Taille mais taille mais taille bien
Qu'un sentier saille de tes mains
Taille mais taille mais taille loin

Un rêve long comme un chemin





samedi 15 octobre 2016

Le tailleur dit à l'apprenti...





Taille ta joie
Taille ta route
Taille ta flûte
Dans le roseau qui plie mais ne rompt pas
Taille ton amour dans le bois
Taille ton chemin
Dans les sous-bois
Aux premières heures du jour
Au tout petit matin
Taille une trille
Un tremblement
Taille un tambour
Un talisman
Taille un baton
Si tu gamberges
Si tes jambes ont besoin d'un pont
Si tu peines à gagner la berge
Taille un nuage
Taille un flocon
Dans le coton sur une page
Si tout ton corps se met en nage
Si ton coeur a besoin de neige
Taille un sommet taille une montagne
Dans le désert taille un mirage
Taille et affute ton esprit
Taille avant tout quelque outils
Avant la nuit avant l'oubli
Taille ta route dans un cri
Taille dans les murs l'évadée belle
Avant qu'ils n'aient planché le pin
Avant que même avant Noël
Le soir ne sente le sapin

Taille mais taille mais taille bien
Qu'un sentier saille de tes mains
Taille mais taille mais taille loin

Un rêve long comme un chemin