mardi 5 janvier 2016

Positive imposture




L'imposture serait la marque d'une volonté toujours prête à changer de bord, pour mieux atteindre l'objet convoité... 
(La réponse du caméléon polymorphe à la rigueur étriquée d'un monomorphisme de statue)

Et cependant, même les murs savent l'art élégant, et la nécessité de travestir le roc...?


Donc l'imposture est universelle.

Mais n'est-ce pas là que débute le mensonge ? 

C'est là qu'il est susceptible de naître. Comme le lait peut tourner, cailler ou fermenter, l'imposteur peut simuler et, par suite, s'enliser dans sa simulation, ou au contraire véritablement devenir l'objet de son imposture. Le vrai menteur est un imposteur qui ne s'assume pas en tant que tel : il simulera d'abord, dissimulera ensuite, sans jamais parvenir à franchir, d'un pas sûr, ce cap nécessaire à toute vie sur terre : route du devenir ! 

Le diable peut bien jeter ses cornes à terre, surmonter son chef d'une auréole, et rejoindre les rangs des luttes humanitaires : qui prendrait la décision de l'en empêcher, au nom de la permanence des étiquettes, serait pareil à ces individus qui clament, haut et fort, en guise de cadeau de consolation : "eh c'est la vie, c'est comme ça ! et on peut rien y faire !" 

Mais justement, on peut y faire ! L'imposture n'est pas une pierre tombale, non plus un cul-de-sac : c'est une escale, une porte d'entrée sur d'autres vies possibles : l'imposteur ne ment pas : il improvise, avec son intuition, sa sensibilité du moment : il est un Jean Valjean, fraichement sorti du bagne, et qui entrevoit dans le scénario de départ, un autre rôle possible, un autre personnage, un autre masque de vérité, un masque mouvant, malléable, sensible, pour faire tomber enfin les masques de routine, les masques de beauté, la mascarade inerte d'un monde trop figé... 

Bas les masques ! Haut les masques ! Et vive l'Imposture, si Elle croit en ses chances de Devenir enfin l'Objet de son théâtre.